naître

naître

naître [ nɛtr ] v. intr. <conjug. : 59>
• 1080; lat. pop. °nascere, class. nasci
I
1Venir au monde, sortir de l'organisme maternel. Un enfant qui vient de naître : un nouveau-né. Il est né à terme, avant terme (prématuré), à sept mois (après sept mois de vie intra-utérine). « Je suis né à Genève, en 1712, d'Isaac Rousseau, citoyen, et de Suzanne Bernard » (Rousseau). Il est né le premier de quatre enfants (cf. Premier né). En naissant : au moment de la naissance. « l'homme n'a pas en naissant la science infuse » (Cl. Bernard). Impers. Il naît plus de filles que de garçons.
Loc. fig. Je ne suis pas né d'hier, de la dernière pluie, de la dernière couvée. Être né sous un astre favorable, sous une bonne étoile : avoir un heureux destin. Être né avec une cuillère d'argent dans la bouche.
(Suivi d'un attribut) Naître aveugle. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ). Il est né poète.
Être né pour : être naturellement fait pour, destiné à. « Nous étions nés l'un pour l'autre » (Géraldy). « l'homme est né pour le bonheur » (A. Gide).
2Littér. NAÎTRE À : commencer une vie nouvelle, s'éveiller, s'ouvrir à. « je nais à une vie plus étendue » (Balzac). « à peine né à la vie intellectuelle » (Bourget). Naître à l'amour.
II(XIIIe) Fig.
1Commencer à exister. « Paris est né dans cette vieille île de la Cité » (Hugo). « Colbert, qui fit naître l'industrie en France » (Voltaire), la créa. « L'amour naît brusquement, sans autre réflexion » (La Bruyère). « Toutes ces influences font naître l'amitié » (Maupassant),l'éveillent, la provoquent. — Naître de : être causé par. « il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien » (Voltaire).
2Commencer à se manifester, apparaître. « Le jour naissait, calme et glacial » (Maupassant). se lever. « Cette respiration calme de la mer faisait naître et disparaître des reflets huileux » (Camus).
⊗ CONTR. Mourir . — Finir.

naître verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci) Venir au monde : Molière naquit à Paris. Naître par césarienne. Naître aveugle. Être l'enfant de : Être né d'un père breton. Porter tel nom à la naissance, et en particulier avoir tel nom de jeune fille : Madame Lefèvre, née Dupuis. Avoir telle disposition, telle aptitude, telle qualité de manière innée ou avoir telle caractéristique potentielle dès le début de son existence : Naître musicien. Les hommes naissent libres et égaux en droit. En parlant des végétaux, commencer à pousser : Ces fleurs naissent au printemps. Avoir son origine en tel endroit : La Seine naît au plateau de Langres. Apparaître, commencer à exister, à se manifester : La banque est née en Italie. Sentir naître en soi un sentiment de malaise. Résulter de quelque chose, apparaître, se manifester à la suite de quelque chose : Une belle amitié naquit de cette rencontre. En apposition à un nom auquel il est lié par un trait d'union, indique qu'il s'agit d'une qualité innée, naturelle : Un orateur-né.naître (citations) verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci) Pierre Augustin Caron de Beaumarchais Paris 1732-Paris 1799 Qu'avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Le Mariage de Figaro, V, 3 René Char L'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse, 1907-Paris 1988 On naît avec les hommes, on meurt inconsolé parmi les dieux. La Parole en archipel Gallimard François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Après le malheur de naître, je n'en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme. Mémoires d'outre-tombe Jean-Pierre Claris de Florian Sauve, Gard, 1755-Sceaux 1794 Académie française, 1788 Arriver haletant, se coucher, s'endormir ; On appelle cela naître, vivre et mourir. Fables, le Voyage Robert Garnier La Ferté-Bernard 1545 ?-Le Mans 1590 Toute chose naît pour périr, Et tout ce qui périt retourne Pour une autre fois refleurir. Cornélie Alphonse de Prât de Lamartine Mâcon 1790-Paris 1869 Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ? Premières Méditations poétiques, le Désespoir Michel Eyquem de Montaigne château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1533-château de Montaigne, aujourd'hui commune de Saint-Michel-de-Montaigne, Dordogne, 1592 Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre le naître et le mourir. Essais, II, 12 Germain Nouveau Pourrières 1851-Pourrières 1920 On naît ce qu'on peut. Premiers Vers, la Chasse aux cygnes Gallimard Jacques Rivière Bordeaux 1886-Paris 1925 On n'évite pas de fleurir si l'on est bien né. Nouvelles Études Gallimard Claude Roy Paris 1915-Paris 1997 On ne naît pas innocent. On peut le devenir. Descriptions critiques, Colette Gallimard Sophocle Colone, près d'Athènes, entre 496 et 494 avant J.-C.-Athènes 406 avant J.-C. Ne pas naître, voilà qui vaut mieux que tout. Œdipe à Colone, 1224 (traduction Mazon) Pedro Calderón de la Barca Madrid 1600-Madrid 1681 [Car] le plus grand crime de l'homme, c'est d'être né. [Pues] el delito mayor del hombre es haber nacido. La vida es sueño, I, 2 Octavio Paz Mexico 1914-Mexico 1998 Nommer, c'est créer, et imaginer, c'est naître. Nombrar es crear, e imaginar, nacer. Libertad bajo palabra, II, ¿ Aguila o Sol ?naître (difficultés) verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci) Orthographe Avec un accent circonflexe sur le i à l'infinitif. Conjugaison Naître se conjugue avec l'auxiliaire être. L'accent circonflexe sur le i se conserve dans toute la conjugaison devant t. Orthographe Les mots composés avec prennent un trait d'union et les deux éléments s'accordent toujours au pluriel sauf avec nouveau et mort : une aveugle-née ; des artistes-nés, des musiciennes-nées. Mort-né, nouveau-né. Dans mort-né et nouveau-né, mort et nouveau sont considérés comme des adverbes et restent invariables : des enfants mort-nés ; des filles nouveau-nées ; des nouveau-nés. Dernier-né, premier-né. Attention, les deux éléments varient : les derniers-nés, les dernières-nées ; les premiers-nés, les premières-nées. Remarque La fille premier-née, la premier-née, avec premier invariable, est sorti de l'usage. Emploi Né à / natif de. → natifnaître (expressions) verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci) Être né pour, être fait pour, destiné à : Ils sont nés l'un pour l'autre. Il est né pour commander. Littéraire. Naître à quelque chose, commencer à montrer de l'intérêt pour quelque chose : Naître à l'amour. Littéraire. Être né à quelqu'un, naître (du point de vue des parents) : Un fils nous est né. Faire naître, provoquer, causer : Faire naître de nouvelles difficultés. Ne pas être né d'hier, de la dernière couvée, de la dernière pluie, avoir suffisamment d'expérience pour ne pas se laisser abuser aisément, ne pas être naïf. ● naître (homonymes) verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci)naître (synonymes) verbe intransitif (latin populaire nascere, du latin classique nasci) Venir au monde
Synonymes :
Contraires :
Être l'enfant de
Synonymes :
En parlant des végétaux, commencer à pousser
Synonymes :
- croître
- éclore
Avoir son origine en tel endroit
Synonymes :
- prendre sa source
Apparaître, commencer à exister, à se manifester
Synonymes :
- apparaître
Résulter de quelque chose, apparaître, se manifester à la suite de...
Synonymes :
- découler
- résulter
Littéraire. Naître à quelque chose
Synonymes :
- s'ouvrir à
Faire naître
Synonymes :
- créer
- entraîner

naître
v. intr.
d1./d Venir au monde; sortir du ventre de sa mère. Un enfant qui vient de naître. Napoléon Ier naquit à Ajaccio, en 1769.
(Suivi d'un attribut.) Il est né sourd-muet.
d2./d Naître à: s'ouvrir à. Naître à une vie nouvelle.
d3./d Fig. Commencer à exister. La révolution industrielle est née en Angleterre au XVIIIe s.
Naître de: prendre son origine dans (telle cause). Cette idée est née de la volonté de mieux servir le public.
|| Faire naître: produire, provoquer, susciter. Ce voyage a fait naître chez lui un goût très vif pour l'art persan.
d4./d Commencer à paraître, à se manifester. Le jour allait naître.

⇒NAÎTRE, verbe intrans.
Commencer à exister. Anton. mourir.
I. — [Le suj. désigne un être organisé, gén. un être humain] Commencer sa vie, entrer dans le processus biologique propre aux êtres animés. Les sept sphères célestes, dont l'action combinée était censée (...) répandre les germes de vie dans tout ce qui naît ici bas (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.376). Naître, c'est recevoir d'autrui le capital d'une hérédité (RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.408):
1. Chacun de nous naît, vit un temps bref et disparaît à jamais sans laisser de trace; mais qu'importe, puisque de nouveaux hommes naissent, qui vivront, mourront et seront à leur tour remplacés par d'autres? Les individus passent, mais l'espèce dure...
GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p.197.
A. — [Le suj. désigne une pers., plus rarement un animal] Venir au monde, sortir de l'organisme maternel. Enfant à naître, né avant terme; chaton qui vient de naître; naître et grandir; naître à telle date, dans tel endroit; n'avoir pas demandé à naître, ne s'être donné que la peine de naître. Ma pensée de ce jour va à notre passé ami et un peu à sa fille, que je revois au moment où elle venait de naître, en sa nudité embryonnaire, devant le feu de cheminée de sa mère (GONCOURT, Journal, 1881, p.121). Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc (...). Mon père avait trente ans, ma mère vingt et un, et j'étais leur premier enfant (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.9):
2. Une jument au pré va toujours faire son poulain vers l'eau, s'il y en a, rivière, ou mare. (...). Il naît enveloppé d'une peau comme d'un sac; il y meurt si l'on ne le délivre.
RENARD, Journal, 1900, p.582.
Être innocent comme l'enfant, comme l'agneau qui vient de naître. L'acide prussique est donc réhabilité; si vous en doutez, vous n'avez qu'à en boire! Il est aussi innocent que l'agneau qui vient de naître (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p.317).
Les enfants naissent dans les choux, dans les roses. Ma cousine Jeanne (...) croyait encore que les enfants naissaient dans les choux (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.178).
La légende, le récit, fait naître qqn à tel endroit. La légende, le récit, prétend qu'il est né à cet endroit. Charlemagne, que la légende fait naître chez un meunier, dans la Forêt-Noire (HUGO, Rhin, 1842, p.118).
1. [Naître employé dans différentes constr.]
a) [Naître à la forme impers.] On a constaté qu'il naît chez l'homme et chez les animaux une certaine proportion de mâles et de femelles (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.69). Vous savez qu'après les guerres un mystère veut qu'il naisse plus de garçons que de filles, excepté chez les Amazones (GIRAUDOUX, Amphitr., 1929, I, 2, p.29).
b) Naître + compl. d'attribution. Au moment même où je finis ce rude janvier 93, mon fils me naît, me relève aux hautes pensées (MICHELET, Journal, 1850, p.111).
c) Naître de + compl., naître + nom propre (indiquant l'origine). Être issu de. Alors dans Besançon, vieille ville espagnole, (...) Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix (HUGO, Feuilles automne, 1831, p.717). Le hasard (...) a voulu que je naisse Rezeau, sur l'extrême branche d'un arbre généalogique épuisé (H. BAZIN, Vipère, 1948, p.19).
En partic., au part. passé (pour indiquer le nom de jeune fille d'une femme mariée). Oriane a une cousine dont la mère, sauf erreur, est née Grandin (PROUST, Guermantes 1, 1920, p.231). En 1907, deux dames (...) qui n'étaient autres que la marquise de Belbeuf, née Morny, et notre admirable Colette (Willy), se montrèrent sur la scène d'un music-hall (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.180).
d) Naître + adj., subst. ou compl. prép.
[Pour exprimer un état de nature, une caractéristique physique, une situation soc.] Naître aveugle, infirme; naître esclave, prince; naître dans la pauvreté, dans la richesse; les hommes naissent libres et égaux. Le judicieux Quintilien, après avoir distingué l'état natif et brut de l'état perfectionné, cite les animaux qui naissent sauvages et que l'éducation apprivoise (BONALD, Législ. primit., t.2, 1802, p.200). Lyautey enfant ajoutait à sa prière: «Je vous remercie de m'avoir fait naître dans la meilleure catégorie sociale, et français» (BARRÈS, Cahiers, t.1, 1896, p.5):
3. ... je repassai en moi-même l'histoire de la plupart des jeunes filles que le sort a fait naître dans une basse condition pour servir de jouet à quelques riches de la terre qui s'en arrangent comme d'un beau cheval et s'en défont aussi facilement.
JANIN, Âne mort, 1829, p.64.
[Pour indiquer qu'une aptitude intellectuelle, morale (bonne ou mauvaise), s'est affirmée très tôt] Naître/être né avare, bon, courageux, lâche, pieux; naître/être né escroc, héros; naître/être né écrivain, musicien. Les créoles naissent avec une bravoure qui les distingue par-tout (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p.66). Le paysan naît méfiant, hostile à l'engagement mutuel, avant tout envieux, égoïste. Défauts de ses qualités... (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.226):
4. Entre les hommes, la somme des talents et des capacités est égale, et leur nature similaire: tous, tant que nous sommes, nous naissons poètes, mathématiciens, philosophes, artistes, artisans, laboureurs; mais nous ne naissons pas également tout cela, et, d'un homme à l'autre, dans la société, d'une faculté à une autre faculté dans le même homme, les proportions sont infinies.
PROUDHON, Propriété, 1840, p.309.
e) Être né pour + verbe ou subst. Être destiné à, avoir des dispositions particulières pour (faire) quelque chose. Être né pour agir, diriger, obéir, régner; être né pour le commandement, le trône; être né pour le bonheur, la souffrance; être né pour la peinture. Elle paraissait née pour une vie différente des autres (MARTIN DU G., Thib., Pénitenc., 1922, p.794). Toute cette humanité inférieure, née pour être esclave, tous ces médiocres, ces gens laids, stupides, mal habillés, pourquoi ont-ils leur part de cette gloire? (MONTHERL., Exil, 1929, I, 2, p.28):
5. Beaucoup de courtisanes étaient nées pour être des honnêtes femmes, dit-on; et beaucoup de femmes dites honnêtes pour être courtisanes...
MAUPASS., Contes et nouv., t.2, Samoris, 1882, p.360.
f) (Être) né natif (de).
2. [Naître employé dans des expr. fig.]
Être né coiffé. V. ce mot II A 2 a.
Être né sous une bonne, une mauvaise étoile.
Ne pas être né d'hier, de la dernière pluie.
Il (elle) n'est pas encore né(e), il (elle) est encore à naître, celui (celle) qui... [Pour parler d'une action présentée comme irréalisable] — Encore celle-là! méfiez-vous, ça finira par être sérieux! Vivement, Mouret se défendit (...). — Laissez donc, une plaisanterie! La femme qui me prendra n'est pas née, mon cher! (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.616).
Avoir vu naître qqn. Connaître quelqu'un depuis longtemps, depuis toujours. La duchesse le regardait avec admiration; ce n'était plus l'enfant qu'elle avait vu naître, ce n'était plus le neveu toujours prêt à lui obéir: c'était un homme grave et duquel il serait délicieux de se faire aimer (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p.173). Réponds-moi sans mentir, gamine. Je t'ai quasi vue naître, on ne trouverait pas plus délurée que toi dans Mégère (BERNANOS, Crime, 1935, p.753).
B. — [Le suj. désigne une plante] Sortir de terre, commencer à pousser. Synon. éclore, germer. Là naissent au hasard le muguet, la jonquille, Et des roses de mai la brillante famille (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p.84). À certains craquements, à certains soupirs légers, il semblait qu'on entendît naître et pousser les légumes (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.802).
C.P. anal. [Le suj. désigne une pers.] Passer de l'état d'enfant à celui d'adolescent, puis d'adulte. C'était une enfant, mais une enfant qui devenait femme. Elle se trouvait à cette heure indécise et adorable où la grande fille naît dans la gamine (ZOLA, Fortune Rougon, 1871, p.15).
II.P. anal. ou au fig.
A. — Apparaître, commencer à se manifester, à se montrer.
1. [Le suj. désigne une réalité concr., un phénomène perceptible par les sens] Le jour, le printemps naît; le vent naît; un objet naît sous les doigts d'un artisan. C'était à l'heure où les étoiles naissent une à une dans le ciel, et servent de signal aux amoureux (MURGER, Nuits hiver, 1861, p.242):
6. Un sourire d'attente général et sans cause naissait sur un côté de son menton en galoche et lui montait jusqu'aux paupières, mais plus à gauche qu'à droite, ce qui lui donnait l'air narquois et vaguement strabique.
MALÈGUE, Augustin, t.1, 1933, p.260.
2. [Le suj. désigne une réalité abstr., notamment une manifestation de l'esprit] Amitié, amour qui naît; puissance qui naît; roman, oeuvre d'art qui naît. Soudain un projet naquit en lui, hardi, si hardi qu'il douta d'abord s'il l'exécuterait (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Épreuve, 1889, p.1123). J'ai vu naître un mot; c'est voir naître une fleur. Ce mot ne sortira peut-être jamais d'un cercle étroit, mais il existe; c'est lirlie (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p.92):
7. On sait bien (...) qu'une éducation toute livresque ne fera jamais que des primaires, des demi-barbares. De là naissent les fanatismes littéraires, politiques, religieux: par là souvent commencent les sectes.
BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.254.
3. [Le suj. désigne une pers. exerçant une activité gén. artistique, intellectuelle] Auteur, peintre qui naît. Rien de ce qui est spontané ne demeure étranger à ce romancier qui va naître (MAURIAC, Journal 2, 1937, p.151).
B.Naître à. [Le suj. désigne une pers., le compl. désigne une faculté, une sensation, un sentiment] Connaître, éprouver pour la première fois. Synon. s'éveiller à. Naître à l'amour. La pauvre fille naissait au bien-être, à la confortable vie qu'elle n'osait même plus rêver depuis bien longtemps (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.104):
8. Pour la première fois depuis son retour, il était aussi sans manteau et sans chapeau: débarrassé de ces symboles de la respectabilité, on naît à une vie nouvelle, comme une femme qui vient de se faire tailler les cheveux courts...
MONTHERL., Lépreuses, 1939, p.1507.
C.Naître de + compl. Tirer son origine de, prendre sa source dans. Synon. provenir de, résulter de.
1. [Le suj. désigne une réalité concr.] De son mouvement de rotation naquirent les jours et les nuits; du balancement alternatif de ses pôles, les étés et les hivers (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.256). À cet endroit où [la rivière] naît du coeur d'une quintuple vallée, j'entreprends de trouver la tête d'un des rus qui l'alimentent (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p.97):
9. ... si les fleurs nées du pinceau n'étaient pas fameuses, du moins les peindre vous faisait vivre dans la société des fleurs naturelles, de la beauté desquelles, surtout quand on était obligé de les regarder de plus près pour les imiter, on ne se lassait pas.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.709.
2. [Le suj. désigne une réalité abstr.] Il y a un certain plaisir dans l'émotion qui naît de la connaissance d'un danger ou d'une peine que l'on surmonte (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p.175). Partout je vois la vie naître de la mort, l'énergie naître de la douleur, la science naître de l'erreur, l'harmonie naître du désordre (MARTIN DU G., J. Barois, 1913, p.551):
10. Les innovations apportées par la barbarie dans la langue latine dégénérée s'appliquèrent naturellement aux divers jargons qui en naquirent; la langue française s'y trouva sujette à mesure qu'elle se forma...
SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p.80.
D. — Faire naître. [Le suj. de «faire» désigne une pers. ou une chose, le suj. de «naître» désigne une chose] Provoquer, susciter. Faire naître un conflit, des difficultés, une occasion. L'intérêt que j'ai eu le bonheur de vous inspirer (...) m'a fait naître l'idée de mettre par écrit les événemens e.traordinaires de ma vie (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p.1762). Agir, c'est détruire pour faire naître la réalité spirituelle de la conscience (CAMUS, Homme rév., 1951, p.174):
11. La musique (...) nous charme, nous électrise, nous passionne, nous enivre et nous entraîne en nous initiant à tout ce qui est beau, noble, grand, sans que nous puissions nous rendre un compte exact et précis des émotions qu'elle fait naître en notre âme.
BARRÈS, Cahiers, t.5, 1907, p.132.
Emploi abs. L'homme honnête et sensible aime, quand il le peut, à créer, à faire naître, et il se plaît ensuite à contempler l'ouvrage de ses mains (CRÈVECOEUR, Voyage, t.1, 1801, p.197).
Prononc. et Orth.:[(:)], (il) naît []. Ac. 1694, 1718: naistre; dep. 1740 naître. Étymol. et Hist. I. Venir au monde A. en parlant d'un homme 1. a) 2e moitié Xe s. part. passé nez de + attribut indiquant les conditions de la naissance (St Léger, éd. J. Linskill, 137: Ciel ne fud nez de medre vius Qui...) [cf. fin Xe s. Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 448: nulom de madre naz]; ca 1170 (MARIE DE FRANCE, Lais, éd. J. Rychner, Bisclavret, 313: Plusurs des femmes del lignage C'est veritez, senz nes sunt neies); ca 1200 (CHÂTELAIN DE COUCY, Chans., éd. A. Lerond, II, 27, p.64: Quant pour ma mort nasquites sanz merci!); 1580 aveugle nay (MONTAIGNE, Essais, II, XII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.589); b) 1667 p. anal. (BOILEAU, Satire IX ds Œuvres, éd. F. Escal, p.53: Dès que l'impression fait éclore un poète, Il est esclave- de quiconque l'achète); 2. ca 1050 «tirer son origine» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 41: Fud la pulcela nethe de halt parentét); début XIIe s. (BENEDEIT, St Brendan, éd. E. G.R. Waters, 19: Icist seinz Deu fud ned de reis); fin XIIe s. nés de France (Floovant, 1377 ds T.-L.); 3. fin XIIIe s. [fame] bien nee «de noble origine» (BERNIER, Housse partie, 95 ds A. DE MONTAIGLON et G. RAYNAUD, Recueil gén. des fabliaux, t.1, p.85). B. en parlant d'un animal ca 1160 (Eneas, 3942 ds T.-L.). C. en parlant d'un végétal 1180-1200 [texte ms. D, XIIIe s.] (Chevalerie Vivien, éd. A.L. Terracher, 89); ca 1200 [ms. XIIIe s.] ([CHÂTELAIN DE COUCY?] Chans., éd. A. Lerond, XXII, 31, p.164). II. Apparaître, se manifester A. 1. 1174-87 «surgir, être en vue» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 1322: Torna li vaslez a senestre Et vit les torz del chastel nestre); 2. ca 1180 en parlant de l'aube, du jour «pointer» (GUILLAUME DE BERNEVILLE, St Gilles, 1820 ds T.-L.); début XIIIe s. [ms.] (CHRÉTIEN DE TROYES, Cligès, éd. W. Foerster, 296, leçon du ms. S: l'aube naist); 3. XIVe s. en parlant des manifestations d'une maladie (Moamin et Ghatrif, II, 43 ds T.-L.). B. 1. 1176-81 d'un sentiment (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 5342: Cest duel que ne sai don vos nest Vos ost del cuer et tort a joie); 2. 1er quart XIIIe s. (RENCLUS DE MOLLIENS, Miserere, 73, 12 ds T.-L.: Car cascune uevre est meritable Selon le cuer dont elle naist); 3. ca 1265 géogr. (BRUNET LATIN, Trésor, éd. J. Carmody, I, CXXII, 7, 111: ces fleuves naissent soz le mont Liban). Naître, né sont issus du lat. nascere (CATON ds FORC. t.3, p.332a; VÄÄN., § 294) «naître»; fig. «prendre son origine, provenir», part. passé natus «né (au propre et au fig.)» subst. «fils» puis «être humain, personne» à basse époque (FORC. t.3, p.333a); cf. avec le type a. fr. nul né, nul home né, nul home de mère né, le lat. homo natus, nemo natus dès PLAUTE, Mostellaria, II, 2, 21, v. E. BOURCIEZ ds B. hisp. t.3, 1901, p.323. Fréq. abs. littér.:7381. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 14676, b) 6422; XXe s.: a) 8319, b) 10423.
DÉR. Naisseur, subst. masc. et adj. masc., élev. a) Subst. masc. Éleveur s'occupant particulièrement du choix des reproducteurs pour un animal déterminé (cheval de course par exemple). La montagne pyrénéenne tend à jouer le rôle de «pays naisseur» [pour les moutons] (WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p.124). []. 1re attest. 1936 (MORAND, loc. cit.); de naître, naissant, suff. -eur2.
BBG. — LANLY (A.). Morphol. hist. des verbes fr. Paris, 1977, pp.246-248. — MIHAILESCU-URECHIA (V.), URECHIA (A.). Phénomènes inconnus de la lang. Orbis. 1971, t.20, p.10.

naître [nɛtʀ] v. intr.
CONJUG. je nais, nous naissons; je naissais; je naquis; je naîtrai; je naîtrais; que je naisse; que je naquisse; naissant; .
ÉTYM. 1080, naistre, nestre; du lat. pop. nascere; lat. class. nasci.
———
I Commencer sa vie.
1 (Êtres humains). Venir au monde; sortir de l'organisme maternel ( Naissance; → Entrer dans le monde, dans la vie; ouvrir les yeux à la lumière, au jour; venir au monde, voir le jour; et aussi, ascendant, cit. 1; existant, cit. 2; homme, cit. 83; influence, cit. 13).Enfant qui naît à terme, avant terme (prématuré), à huit mois (après huit mois de vie intra-utérine). || Enfant qui vient de naître. Nouveau-né (→ Marge, cit. 2).Naître, être né de… : être l'enfant de…, devoir la vie à… (→ Attachement, cit. 20). || Enfants nés d'un commerce adultérin (cit. 2), d'un mariage, d'un hymen (→ Fruit, cit. 28). || Enfants nés hors mariage (→ Légitimation, cit. 2). || Enfant posthume, né après la mort du père. || Enfants nés de la même mère ( Utérin), du même père ( Consanguin).Naître à tel endroit, dans tel pays. Natif. — ☑ Loc. pop. Né natif.« Je suis né (…) au jardin (cit. 9) de France ». || « Je suis né à Genève, en 1712, d'Isaac Rousseau » (→ Horloger, cit. 2). || Le Christ naquit dans une étable (cit. 1). || Le pays, le milieu où l'on est né. Natal (→ Accent, cit. 12; arriver, cit. 67).Fig. || Le champ qui l'a vu naître, auprès duquel il est né (→ Arroser, cit. 11). — ☑ Naître sous un astre (cit. 17), sous une bonne étoile.
1 Nous naissons, pour ainsi dire, en deux fois : l'une pour exister, et l'autre pour vivre; l'une pour l'espèce, et l'autre pour le sexe.
Rousseau, Émile, IV.
2 Pour être un grand homme dans les lettres (…) il faut, comme dans l'ordre politique, trouver tout préparé et naître à propos.
Chamfort, Maximes, Sur la science, XLII.
3 Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme le grain au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix.
Hugo, les Feuilles d'automne, I.
4 Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu'est-ce que je fais en ce monde ?
Verlaine, Sagesse, III, IV.
5 Junon usa de son pouvoir pour prolonger la grossesse d'Alcmène, et Hercule naquit à dix mois, ce qui ne le rendit que plus fort.
Émile Henriot, Mythologie légère, p. 106.
Loc. fig. Je ne suis pas né d'hier (cit. 9), de la dernière pluie (syn. : tombé de la dernière pluie). || Les gens qui ne sont pas nés, pas encore nés.Allus. littér. || « Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né ? » (→ Frère, cit. 15).Allus. évang. Il eût mieux valu pour lui ne pas naître (→ Livrer, cit. 7). — ☑ Loc. fam. Je n'ai pas fait la queue pour naître : je n'ai pas demandé à naître, je n'ai pas attendu pour cela. — ☑ Loc. fig. Celui qui m'obligera à faire cela n'est pas encore né ! : personne ne m'y obligera (→ Heure, cit. 22).Son semblable est encore à naître, personne ne l'égale.
6 (…) celui-là est encore à naître, qui a su le moyen d'empêcher l'envie de mordre la vertu (…)
Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques, p. 98.
Allus. littér. « Naître, vivre et mourir dans la même maison » (cit. 10). — ☑ « Vous vous êtes donné la peine de naître… » (→ 2. Bien, cit. 51).
En naissant, au moment de la naissance. || Chaque homme apporte (cit. 23 et 24) en naissant… || L'homme n'a pas en naissant la science infuse (cit.). || Les passions dont il apportait le germe en naissant (→ Hérédité, cit. 15). || Si son astre (cit. 18) en naissant…
Impers. || Il lui est né une fille, un garçon, des jumeaux. || Il naît chaque jour tant d'enfants en France.
N. m. (Rare). || Le naître et le mourir (→ Fatal, cit. 1).
(Suivi d'un adjectif, d'un attribut exprimant les circonstances de la naissance, l'origine, la situation sociale, les dispositions innées…). || Naître boiteux, infirme, aveugle… || Nous naissons faibles (→ Besoin cit. 46). || J'étais né presque mourant (→ Incommodité, cit. 5, Rousseau).Les hommes naissent et demeurent libres et égaux (cit. 13) en droit (→ Esclavage, cit. 1). || Naître libres et inégaux (cit. 8). || Le Français (cit. 8), né malin… || Le Messie (cit. 1) a voulu naître pauvre.Naître roi, empereur… || Ce que le ciel nous a fait naître (→ Imposture, cit. 5). || Il est né poète : il a toujours été doué pour la poésie. — ☑ Loc. Il est né coiffé (cit. 14) : il a de la chance.
7 Étant né ce qu'il est, souffrir un tel outrage !
Corneille, le Cid, II, 3.
8 (…) un de ces hommes nés vieux, qui auront toujours cinquante ans, même à quatre-vingts.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 65.
Être né pour… : avoir des dispositions pour, être destiné à… (→ Demeurer, cit. 7). || Nous étions nés l'un pour l'autre (→ Chance, cit. 3). || Nous sommes nés pour agir (cit. 1). || Né pour le bonheur (cit. 31), pour le combat (→ Fier, adj., cit. 1), pour la souffrance (→ Blessure, cit. 6).
9 L'homme est né pour le plaisir : il le sent, il n'en faut point d'autre preuve.
Pascal, Disc. sur les passions de l'amour.
10 Les hommes, nés pour vivre ensemble, sont nés aussi pour se plaire (…)
Montesquieu, l'Esprit des lois, IV, II.
11 Vous paraissez née pour les plaisirs, lui disait Mme de La Fayette, et il semble qu'ils soient faits pour vous.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 22 oct. 1849.
2 (Animaux). || Une mouche éphémère (cit. 2) naît le matin pour mourir le soir.
Commencer à vivre. Naissance (I.). || Les vivants naissent et se multiplient… (→ Lutte, cit. 11).Par ext. || Papillons qui semblent naître de la terre (→ Métamorphose, cit. 4). — ☑ Loc. Innocent comme l'agneau (ou l'enfant) qui vient de naître.
(Végétaux). Commencer à pousser, à se développer. Croître.
3 Être issu de… || Dieu fit naître tous les hommes d'un seul (→ Fraternité, cit. 3). || Naître d'une race, d'une maison illustre.
4 Naître à… : commencer une vie nouvelle, s'éveiller, s'ouvrir à…Loc. Naître à l'amour. || Être à peine né à la vie intellectuelle (→ Incommunicable, cit. 4).
12 Chaque fois, je nais à une vie plus étendue et suis comme le voyageur qui, en montant quelque rocher, découvre à chaque pas un nouvel horizon.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 876.
13 Nous naissons véritablement le jour où pour la première fois nous sentons profondément qu'il y a quelque chose de grave et d'inattendu dans la vie.
Maeterlinck, le Trésor des humbles, XII.
———
II Fig. (XIIIe).
1 Commencer à être, à exister, à se manifester. Commencer. || Le printemps naît ce soir. Éclore (cit. 6). || Les royaumes, les républiques naissent (→ Faner, cit. 15). || Paris est né dans l'île (cit. 6) de la Cité. || Colbert fit naître l'industrie française (→ Grand, cit. 62).
14 Dieu veut que ce qui naît sorte de ce qui tombe.
Hugo, les Contemplations, I, XVIII.
15 La France nouvelle est née en deux fois : le paysan est né de l'élan de la Révolution et de la guerre, de la vente des biens nationaux; l'ouvrier est né en 1815 de l'élan industriel de la paix.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Méthode et esprit de ce livre.
16 La discussion commencée sur le pas de la porte se poursuivait dans les petits journaux qui naissaient toujours dans ces moments-là (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, I, XVI.
2 Apparaître, paraître. || Les feux des réverbères naissent un à un (→ Couple, cit. 4). || Faire naître des reflets (→ Huileux, cit. 2). || Le jour naît (→ Glacer, cit. 13). || Le vent, la brise naît. Élever (s'), lever (se). || Rivière qui naît à tel endroit, qui prend sa source.Faire naître le sourire sur les lèvres de qqn (→ Enjouement, cit. 8).
17 Le jour naissait, calme et glacial. Là-haut, les étoiles semblaient mourir au fond du firmament éclairci, et dans la tranchée profonde du chemin de fer les signaux verts, rouges et blancs pâlissaient.
Maupassant, Bel-Ami, I, VII.
Œuvre d'art qui naît, se développe… || Poème qui naît sous la plume de son auteur.
18 Rien n'existait plus pour lui, pendant ces heures de travail, que le morceau de toile où naissait une image sous la caresse de ses pinceaux, et il éprouvait, en ces crises de fécondité, une sensation étrange (…)
Maupassant, Fort comme la mort, I, III.
19 Il m'arrive d'écrire en wagon, en métro, sur les bancs des quais ou des boulevards, au bord des routes, et ce sont mes meilleures pages, les plus réellement inspirées. Une phrase succède à l'autre, naît de l'autre, et j'éprouve à la sentir naître et se gonfler en moi un ravissement presque physique.
Gide, Journal, 14 févr. 1924.
3 (Choses abstraites). || Naître de… : être issu de, être causé par… Provenir, résulter, sortir. || Les vices d'où naissent les désordres (→ Encourager, cit. 9). || « L'ennui (cit. 11) naquit un jour de l'uniformité ». || Les causes (cit. 10) naissent les unes des autres. || Bien qui naît de l'excès (cit. 11) du mal.
20 (…) il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien.
Voltaire, Zadig, XX.
Faire naître. Causer, produire, provoquer, susciter. || La peur fait naître les guerres (→ Courage, cit. 9). || Faire naître une difficulté (→ Incident, cit. 13).
Spécialt. (En parlant des sentiments, des idées. → Idée, cit. 14 et 32). Commencer, développer (se), éclore, exciter (s'), former (se), germer (→ Amitié, cit. 4, La Bruyère; flamme, cit. 18). || L'amour naît d'un regard (→ 1. Engendrer, cit. 7; heureux, cit. 55). || Sentiment qui naît de qqch., prend son origine dans… (→ Innocuité, cit. 2). || La jalousie (cit. 12 et 28) naît de…Idées lentes à naître (→ Individu, cit. 9). || Sentir naître un sentiment en soi… (→ Étouffer, cit. 31; inquiétude, cit. 16).Faire naître l'amour, les désirs. Créer, engendrer, éveiller, exciter, inspirer, provoquer, susciter (→ Enflammer, cit. 8). || Influences qui font naître des sentiments (→ Exercer, cit. 20).
21 La curiosité naît de la jalousie.
Molière, Don Garcie, II, 5.
22 L'amour qui naît subitement est le plus long à guérir.
La Bruyère, les Caractères, IV, 12.
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né, ée p. p. et adj.
A P. p. || Né natif de… || Né d'hier. suivi d'un adj. → ci-dessus, cit. 8 et supra.(Dans un questionnaire). || Né, née… (à faire suivre de la date de naissance).
(Animaux). || Pur sang né et élevé en France.
Fig. || Joie née de la camaraderie (cit. 2).
B Adjectif.
1 Littér. (XVIe). Qui est né le premier, le dernier, des enfants d'une même famille. Dernier-né, premier-né; aîné, benjamin, culot (fam.), puîné.
Bien né, mal né : qui a un bon, un mauvais naturel; qui est de haute, de basse extraction. || Être bien né (→ Arme, cit. 18; empiéter, cit. 4).Les gens bien nés et la canaille. || Jeune fille bien née (→ Manquer, cit. 32). || Cœur (cit. 100) bien né. || « Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes (cit. 58) bien nées… ».
23 (…) jamais un homme n'a été mieux né (que le Chevalier Charles-Philippe de Grignan), ni avec des sentiments plus droits et plus souhaitables (…)
Mme de Sévigné, 248, 12 févr. 1672.
24 À tous les cœurs bien nés que la patrie est chère !
Voltaire, Tancrède, III, 1.
25 En prononçant la parole si bien nés (c'était un de ces mots aristocratiques que Julien avait appris depuis peu), il s'anima d'un profond sentiment d'anti-sympathie. Aux yeux de cette femme, moi, se disait-il, je ne suis pas bien né.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XIII.
Absolt. et vx. || Un homme né, bien né, qui a de la « naissance ».
26 (…) il avait le tranquille, l'imperturbable orgueil de l'homme né (…)
Louis Madelin, Talleyrand, V, XL.
Né pour (langue classique, né à), qui a des aptitudes spéciales pour qqch.
2 (XVIIe). Qualifiant un substantif, pour exprimer une qualité résultant d'un don remontant au plus jeune âge. || Un écrivain-né, un orateur-né (le trait d'union, qui est de règle, est parfois omis par les écrivains, → ci-dessous Gautier).
27 (…) esclave-né de quiconque l'achète (…)
Boileau, Satires, IX.
28 Contrairement aux peintres nés à qui le thème de composition fut presque indifférent, et qui firent des centaines de chefs-d'œuvre avec deux ou trois données insignifiantes (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, Paul Delaroche.
29 Sophie-Victoire était une artiste-née (…)
A. Maurois, Lélia, I, III.
CONTR. Agoniser, expirer, mourir. — Finir.
DÉR. Naissain, naissance, naissant. V. Naisseur.
COMP. Renaître. — (Du p. p.) Dernier-né, mort-né, premier-né.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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